Descriptif :

11 Septembre 2011. Le fameux 11/11/11. Il est deux heures du matin, et l’installation vient de se finir. Après des mois de suspense, en grand fan d’Oblivion, en admirateur de Morrowind, je guettais et sautais sur la moindre information sur le prochain Elder Scrolls. Voilà, le jeu est ENFIN installé, et je plonge avec avidité dans la magie de Bordeciel.
The Elder Scrolls V divise. Il y a ceux qui ne jurent que par Thalos, envouté par l’univers créé par l’équipe de Bethesda . Et il y a ceux qui hurlent au scandale, tapant sur les textures faîtes à la va-vite, les bugs auxquels Bethesda nous a malheureusement habitué depuis trop longtemps. Mais une chose est sure : tout le monde a joué à Skyrim.
Mon PC monté exprès pour pousser les graphismes au maximum, je jubile sur les mods qui apparaissent sur la toile aussi rapidement qu’un pop-up sur un site pour adulte. C’est là la beauté de la série : les améliorations constantes offertes par les fans, les ajouts plus ou moins loufoques proposés par les plus imaginatifs d’entre nous, comme c’est beau une communauté ! Mais d’un autre côté, on a quand même l’impression que Bethesda nous a vendu un jeu pas fini, en laissant le soin au client de le terminer lui-même, s’il en a la capacité. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il serait bien dommage de l’acheter sur PS3 ou XBOX, où il vous sera impossible de vous balader en Cadillac avec des arcs mitrailleurs avec des textures HD.

Bienvenue en Bordeciel !

La joie de la création de personnage et la découverte d’Alduin passées, la claque me prend vraiment lorsque s’ouvre devant moi l’étendue du paysage nordique. Une seule expression me vient à l’esprit : « NOM DE ZEUS ! » (pour être poli ). Cette montagne enneigée, ce lac bleu, ces arbres fouetté par le blizzard, je reste émerveillé devant mon écran. Que dis-je ? Mon écran n’existe plus, je suis en Bordeciel, j’ai traversé l’espace et le temps.
C’est là l’étrangeté de Skyrim : il est d’une beauté époustouflante et en même temps terriblement laid. Comment est-ce possible ? La création artistique est d’une qualité exceptionnelle : les artistes qui ont dessinés les villes, les châteaux, les montagnes et les steppes ont fait un travail exceptionnel. De plus la ligne de vue est immense : grimper sur la crête d’une montagne, et vous verrez tout Bordeciel jusqu’à l’océan. Le ciel est vaste, les couchers de soleil chaud et lumineux, la nuit étoilée comme au Valhalla. Mais la réalisation de ces merveilles laisse à désirer : les textures sont laides (ne parlons pas de la roche, qui semble sortir de jeux des années 90), les animations des personnages sont globalement assez raides. Heureusement, comme il y a des exceptions aux bonnes choses, les défauts aussi ont leurs exceptions : les dragons sont très bien réalisés (si l’on oublie le fameux bug du dragon qui vole en marche arrière), ainsi que la plupart des personnages, sur lesquelles les textures ont été plus travaillées qu’ailleurs.
Loué soit le seigneur du PC ! Un mod de texture aquatique par là, une « Roche HD » par ici, remercions les fans qui rendent à Bordeciel la majesté, la grâce et la qualité qui lui sont dues ! Il vous faut juste prendre le temps de les chercher et d’apprendre à les installer (c’est loin d’être difficile !), mais il est vrai qu’on aurait pu espérer que Bethesda nous fournisse tout ceci avec le CD d’installation.

Oh tiens.. Coucou Alduin !

Vous avez déjà joué à un Elder Scrolls ? Morrowind ou Oblivion ? Dans ce cas vous ne serez point dépaysé. À l’exception de la nouvelle gestion différentielle des mains : une arme et un bouclier, une arme et un sort, une hache et une épée (le choix est votre), le reste du gameplay est bien similaire à ses prédécesseurs.
D’ailleurs tout est question de choix : vous êtes libre de vivre comme vous le voulez. C’est la toute la beauté du gameplay des Elder Scrolls : une liberté de mouvement incroyable. Skyrim, c’est plus qu’un monde ouvert, c’est une vie ouverte. Libre d’aller où vous voulez, de parler à qui vous voulez, et même d’épouser (presque) qui vous voulez sans restriction de sexe, libre de choisir quelle quête suivre. Vous n’êtes d’ailleurs même pas obligé de choisir une quête : vous pouvez juste laisser libre cours à votre envie de vagabonder et de jouer à Indiana Jones en visitant toutes les caves et les tertres qui jalonnent les sentiers. À tous ceux qui trouvent que la vie IRL c’est nul, ça craint, que les graphismes sont bons mais que le gameplay est à chier, que les quêtes sont pourries et que les 7 milliards de PNJ sont des cons, Skyrim vous offre réellement l’opportunité de plonger dans une nouvelle vie trépidante à affronter des dragons, des bandits et des magiciens.
Le gameplay de combat a été travaillé et pensé de façon à rendre les affrontements nerveux et intense. Mais le résultat n’est peut-être pas aussi abouti que l’aurait voulu Bethesda : avec la raideur de certaines animations, vous pouvez parfois frappez dans le vide de façon un peu ridicule. Le mélange magie-vie-vigueur vous oblige à bien gérer la puissance de vos coups, la fréquence de vos parades, et l’utilisation de vos sorts. C’est assez bien fait mais malgré tout, il reste cette petite insatisfaction qu’il est difficile d’expliquer. Certains pourront d’ailleurs, comme toujours, modifier ce gameplay à l’aide des mods.
Grande mode de ces dernières années, l’arc est toujours aussi puissant. Si vous décidez de vous faire un personnage spécialisé archerie furtivité, vous pourrez à partir d’un certain niveau faire l’entièreté des donjons en one-shootant tous vos ennemis sans jamais apparaître à leurs yeux (alors même que vous êtes à trois pas devant eux !).
Certaines caractéristiques sont donc un peu plus puissantes que les autres, et d’autres comme l’alchimie perdent clairement en intérêt. Mais qu’importe, tout ça est au service de du roleplay ! Même si ça ne change pas grand-chose, il est toujours jouissif pour l’archer de fabriquer son propre poison pour en enduire ses flèches !
On en revient encore et toujours aux mods : certains d’entre vous préfèrent le réalisme et l’immersion. Vous ne trouvez pas bizarre qu’il fasse -20°C et que votre jolie demoiselle se balade en jupette et grand décolleté ? Bande de petit(e)s pervers(es), on sait très bien que la vue à la 3ème personne est bien plus agréable quand elle donne sur un joli postérieur, féminin ou non! Mais ce n’est pas très réaliste tout ça, dites-moi ! Vous avez la possibilité de vous rendre réactif au froid : perte de vigueur, buée, hypothermie, cuisine sur un feu de bois fait à l’arrache, et j’en passe ! Ceux qui le souhaitent peuvent donc transformer Skyrim en un vrai jeu de survie ! Ou un jeu de gangster si vous voulez y inclure des mitraillettes et des costumes-cravates ! Même si de mon humble avis, ça serait bien dommage de faire du GTA dans Skyrim, vous êtes libres ! Libres ! LIBERTEEEEEEE (comme dirait Mel Gibson dans Braveheart).

Mon canasson, l’aurore boréale, et moi…

(SPOIL ALERTE)
Difficile d’évaluer le scénario quand on sait qu’on est pas obligé de le suivre. Peut-être pouvons-nous parler des scénarios. La quête principale n’est pas d’un grand intérêt scénaristique, aucun réel rebondissement, pas de doutes sur qui est le méchant, ni rien de ce genre. Mais elle est quand même bien sympathique, nous faisant voyager un peu partout, et même dans le monde des morts de Sovngarde. La rencontre avec des Grises-Barbes, avec l’espèce de professeur Dragon, tout ceci sert joliment la richesse de l’univers.

Finie la guilde des guerriers ! Faîtes place aux Compagnons ! À notre grand désarroi… Leurs missions ne sont pas réellement intéressantes, impossible d’ailleurs de les poursuivre si l’on refuse de devenir un loup garou. C’est bien dommage, pour un jeu qui veut laisser une infinité de possibilités au roleplay.

La confrérie noire, si amusante dans Oblivion, est de retour, brisée et disparue dans les méandres de l’histoire. À vous de lui rendre sa gloire d’antan, si l’envie vous en prends ! Une nouvelle histoire bien intéressante à mon goût, malgré une « fin » un poil capillo-tractée (si vous me permettez le jeu de mot), avec quelques rebondissements plus ou moins inattendue. Astrid, la nouvelle chef, n’as pas le charisme de notre bon ami Lucien Lachance, mais on fera avec !
La guilde des voleurs est quant à elle au summum de sa gloire ! Une ville entière sous contrôle, une corruption qui s’étend sur l’entièreté du territoire, un traître à pourchassez avant qu’il détruise la réputation de la guilde, une déesse qui vous protège, la guilde offre, à mes yeux, l’aventure la plus palpitante avec la quête principale. Il serait dommage de passer à côté, mais ne vous y forcez surtout pas si cela ne correspond pas à votre rôle.

L’histoire des Parjure de la Faille est pour moi totalement nulle et décevante, l’ascension dans la guilde des magiciens intéressante, mais je n’aime pas jouer magicien alors… Les quelques quêtes données à Solitude (bon dieu j’aime cette ville !) sont bien sympathiques !

Un dernier mot sur la guerre civile qui fait rage dans le pays. D’un côté les impériaux, occupant légitimes de la contrée depuis des décennies, et de l’autre les Sombrages, guerriers nordiques nationalistes qui souhaitent préserver leurs traditions et leur système politique de jarls. Cette guerre pose une réelle ambiance, un réel contexte presque omniprésent, renforçant le réalisme du jeu. C’est à vous de faire pencher la balance si vous le souhaitez ! Alors, côté rebelle ou impérial ? (Tiens, on se croirait dans Star Wars avec ce genre de question…)

HEADSHOT !

Omniprésente. Envoutante. Sublime et enivrante. L’extraordinaire talent de Jeremy Soule, déjà compositeur sur Oblivion et Morrowind, lui permet de faire correspondre chaque note, chaque son à l’ambiance qui vous entoure. En infiltration dans un tombeau rempli de drag ? La musique fera monter le suspense. Marchant tranquillement dans les plaines de Blancherive ? La composition de Soule vous donnera un sentiment de calme, de plénitude et de beauté absolue. C’est ça, la musique de Skyrim.
Mention spéciale pour le thème si connu, Dragonborn, écrit dans la langue des dragons et chantée par une trentaine de choristes, retravaillé de façon à entendre près de 90 voix, et qui fut repris par des dizaines, peut-être même des centaines d’amateurs : version métal, a capela, au violon-voix par le duo Stirling-Hollens, etc etc. Une musique déjà devenu culte !

Un petit voyage dans le monde des morts, ça vaut son pesant de cacahuètes.

Deux ans après, à l’aube de l’année 2014, je m’y replonge parfois, avec une joie inchangée, pour le simple plaisir de retrouver cette vie et cet univers magique. Près de deux centaines d’heures de jeu, j’ai fait toutes les guildes, mais surement pas toutes les quêtes. Il me reste encore des grottes à visiter, et je ne saurais dire combien, les deux DLC à terminer (surtout Dragonborn, particulièrement long et intéressant), des mots draconiques à trouver… Rajouter toutes les quêtes, des nouveaux territoires et parfois de nouvelles îles, tout ceci créé par des amateurs et offert gratuitement dans leurs mods, et vous avez là de quoi vivre une vie entière en Bordeciel. Une vie entière.

Ton âme est mienne !