Descriptif :

Des vikings ! Quoi, vous avez dit vikings ? STOP, arrêtez tout ! Je trouvais ça kitchouille et un peu lourd comme thème depuis la sortie de Skyrim. C’est un peu comme les zombies, le grand Nord semble être devenu une véritable mode et ça a finit par monter à la tête des gamers les plus gringalets (peut être ayant quelque chose à compenser en incarnant ces bêtes de virilité Scandinave ?). Mais je sais pas… J’avoue honteusement que je suis un peu tombée amoureuse des graphismes. Des personnages au design anguleux, solide et tortueux. Des traits, du contours, de l’animation full 2D, que demande le peuple ? Le tout porté par une merveilleuse bande son ET de la stratégie tour par tour ! Ajoutez au tout un peu de gestion, de scenario et de RP… C’est simple, j’avais un emploi du temps des plus chargé MAIS j’arrive à trouver les heures qu’il faut pour me consacrer à ce petit bijou des studios Stoic. C’est sans compter mes cernes le matin quand j’arrive au boulot mais pas grave, j’aime trop cette épopée pour m’autoriser à dormir !

Le jeu n’a pas fait beaucoup de bruit à sa sortie. On se retrouve dans un genre nouveau, où il vous faudra trouver vos marques. Rassurez vous, on se glisse facilement dans ce que j’appellerai un bain à température ambiante après une dure journée de vélo sous la grêle. Ouais, the Banner Saga, c’est un peu ça : un bon bain chaud… Ne vous pressez pas, lancer une partie, c’est comme ouvrir un livre. Sauf qu’ici, tout est interactif. Vous créez votre propre histoire au travers de vos décisions inscrites dans le cadre d’un pur rôle play style “papier”. Amateurs de shooters et d’action, passez votre chemin.

La lecture complète du jeu se fera dans la langue de Shakespeare.

 
 
Graphismes:

Fofolle à l’entrée dans le jeu, dès l’apparition des premières images, on pourrait facilement considérer les graphismes comme le squelette de The Banner Saga. Hé oui, pour une fois, je dois admettre que la partie graphique qui s’offre à nous a de l’intérêt. Quelques FX de base (particules et souffle du vent) pour charmer nos mirettes et surtout, un charadesign digne des plus grands, mais oh… J’allais oublier de citer monsieur Eyvind Earle. L’illustrateur du jeu était directement impliqué dans quelques titres de Disney tels que la Belle au bois dormant. Souvenez-vous, ces forêts torturées qui vous enfonceraient Burton six pieds sous terres. Oui, elles sont de nouveau de la partie !

L’animation n’est à mon gout pas au niveau des illustrations. Cela dépend des moments, des angles de la caméra… Je préfère de loin les phases de dialogue “statiques” avec de simples clignements d’yeux aux cinématiques… Les phases de déplacements de votre superbe cortège velu vous permettront d’admirer les décors du jeu. Et en matière de décors, vous avez de quoi faire ! Alors on laisse ses doigts sur le clavier et sa bouche grand ouverte, on fond directement dans son siège en oubliant les colocs qui vous matent un sourcil relevé.

La 2D marche très bien, elle me donne un peu l’impression d’ouvrir un livre et d’avoir à faire à de vieilles illustrations médiévales (non je m’égare, c’est nordique, mais j’ai jamais eu l’occasion de lire une bible runique m’voyez ?). La patte graphique d’Eyvind Earle est tout bonnement merveilleuse et retranscrit très bien l’univers dans lequel on se situe. Bon, un exemple très simple choisi parmi tant d’autres… Prenons le plus célèbre jeu “Nordique” de notre ère, j’ai nommé Skyrim (quelle victime). Ont-ils eu l’idée d’habiller leurs personnages féminins d’apparats Nordiques traditionnels ? Je vois par là : colliers ouvragés, robes aux tissus épais adapté au froid, chapeaux ? Non je n’crois pas non. Hé bien résultat, dans The Banner Saga, on a un peu moins l’impression qu’on se fout de ta gueule. Le jeu est certes plus court, mais les développeurs de chez Stoic ont certainement passé plus de temps dans leurs recherches graphiques qu’à Bethesda. Point.

Et comme le veut la tradition, baston dans la taverne ?

 
Jouabilité/Gameplay :

Le gameplay de ce jeu est simple mais fonctionne à merveilles. Je veux dire par là que l’idée pourrait être à la portée de nous tous, et je regrette déjà de ne pas avoir pu apporter ma patte au projet ! Vous suivez simplement le fil de l’histoire en alternant vos phases de gestion/RP avec des phases de combats en tour par tour. L’idée principale du jeu étant de mettre entre les mains du joueur la destinée des personnages, vous aurez constamment à prendre des décisions qui porteront sur le déroulement de l’histoire et sur la fin. La difficulté est au rendez-vous et difficile à gérer. Je joue en mode “normal” et c’est déjà assez compliqué. Le mode “facile”, juste en dessous est en revanche beaucoup trop facile… Dur de trouver un juste milieu.

Dans la phase de jeu principale (celle qui implique de la gestion), vous aurez le devoir de protéger nombre de familles nordiques du danger qui les guette. Les Dredges, nous y reviendront, ont pour objectif d’anéantir votre civilisation et ceci entraînera l’exode de votre peuple. L’exode sera longue et semée d’embûche. Venons en à la partie gestion : il vous faudra prendre en compte le nombre d’humains qui constituent votre cortège, vos réserves de provisions, votre or (qui vous permettra par ailleurs d’acheter des vivres OU des items de combat) et les évènements sur votre route… C’est tout simple, vous n’accédez pas “visuellement” à chaque évènement. Un panneau s’ouvre à vous, avec un descriptif de la situation et plusieurs choix vous seront proposés. Les répercutions qui en découlent peuvent être lourdes ou légères. Il vous sera parfois possible de gagner des points de renommée, de l’or ou même d’agrandir vos rangs selon vos décisions. La lecture et l’attention que vous porterez à cette phase de jeu a énormément d’importance… La vie de vos héros est en jeu, et chacun d’entre eux peut mourir à tout moment. L’idée est de rester concentré du début à la fin. Une lecture superficielle pourrait être fatale, aussi bien pour votre compréhension de l’histoire (elle même assez emmêlée, et toute en Anglais).

Il vous arrivera par moment de prendre repos dans une ville ou un village (la carte du monde est étonnamment grande et fournie). C’est alors le moment de vous rendre chez le marchand, de laisser votre cortège se reposer quelques jours, de rencontrer vos compagnons/engager des relations, de vous entraîner et surtout, de vous occuper de la partie “role play” du jeu. En effet, pour chaque ennemi tué, votre héros collecte des points de renommée. A partir d’un certain seuil d’ennemis tués au combat, vous pourrez “promouvoir” votre héros, et ainsi lui faire gagner un niveau. Chaque niveau vous permettra de distribuer quelques points de compétences dans les catégories qui vous plairont. Adaptez vous selon la stratégie que vous avez adopté ! Il vous sera également possible d’ajouter pour chacun de vos personnage un item UNIQUE plus ou moins utile et utilisable à partir de tel ou tel niveau. On peut donc considérer qu’il y a une base de gestion d’inventaire. Lorsque vous en aurez finit, reprenez l’aventure et repartez sur les chemins…

Enfin les rencontres contre vos ennemis vous feront entrer dans un nouveau mode de jeu plus stratégique. Vue de dessus et décisions à prendre en tour par tour. Il vous sera possible de déplacer vos personnages (et ce en alternant avec votre adversaire tel un jeu d’échec) et de les faire attaquer une fois. La puissance des coups portés dépendra évidemment des personnages et de leurs statistiques de base, ainsi que de leurs points de vie restants ! Un personnage affaibli frappera bien moins fort. Le petit secret est donc de commencer par affaiblir équitablement vos adversaires avant de porter le coup final sur l’ensemble.
Chaque unité possède une attaque dite “spéciale”, qui peut être déclenchée en accumulant de la “volonté”. Son coup à lui, sa botte secrète quoi ! Abusez-en et découvrez de nouvelles stratégies. Source utile qu’est la volonté en combat, puisqu’elle permet d’en accélérer l’issue en améliorant la force des coups. Chaque point de volonté se gagne en tuant un ennemi.

Et quelques secondes de silence pour le set design.

 
 
Scénario :

Le scenario est loin d’être compliqué et s’annonce être une “ouverture”. Il est simple et traine sur la longueur. “Infesté” de petits évènements ne faisant pas avancer l’histoire si on s’affaire à un schémas narratif basique. Les personnages non plus n’évoluent pas vraiment et se contentent de suivre leur quête. On n’a donc pas à faire à une trame de scenario complet. Mais comme supposé dans le titre, The Banner Saga est annoncé comme étant un projet “trilogie”. Ne pestez pas, et contentez vous de juger de sa qualité scénaristique seulement à la sortie du dernier opus.

Le contexte de base est que le soleil s’est figé sur place et la course du temps semble avoir abandonné nos amis les barbus. Surgissent également les Dredges, créatures similaires à des golems/statues géantes à effigies scandinaves qui ont pour objectif d’anéantir toute trace d’humanité. Ces derniers rasent les villages à tour de bras et sèment la terreur. Les Varls, ces guerriers cornus et de taille doublement supérieure aux humains s’allient avec ces derniers pour vaincre les Dredges (et accessoirement sauver leur peau).

S’en suivent de massives exodes et un destin croisé, ceux de deux cortèges. Vous alternerez les “chapitres” du jeu entre eux : l’un mené par le futur roi humain, Ludin et ses Varls. L’autre mené par une charmante compagnie de chasseurs : Rook et Alette, sa fille, fuyant les Dredges ayant ravagé leur village. Évidemment, je passe l’ensemble des personnages (ou héros, appelez ça comme vous voudrez) qui interviendront dans l’histoire en tant que seconds. Chacun possède son design, ses aptitudes au combat et sa petite histoire. On s’attachera bien évidemment plus ou moins à certains pour en faire nos petits protégés et les avantager dans les phases de batailles.

Nos deux héros et un Dredge

 
 
Bande son :

Hey ! La bande son convient parfaitement au jeu. Mystique, calme, même les phases de combats ne sont pas soulevées par un rythme épique agaçant. Faite pour préserver le calme au repos, tout comme on le souhaite en tant que paisible lecteur, il me prend parfois de laisser couler la partie et de ne rien toucher pendant deux minutes juste pour prêter attention aux musiques et au sound design.
Rien de bien folichon, juste ce qu’il faut pour vous transporter là où il faut, c’est tout ce que je retiendrai de la bande son.

Encore un screen en hommage aux graphismes. Vous le valez bien.

 
 
Durée de vie :

Après avoir fait un petit tour de terrain j’estime la durée de vie moyenne à 14 heures de jeu en partie “normale”. Il vous faudra probablement relancer certains combats encore et encore pour trouver la bonne stratégie ce qui allonge le timing global, puis réfléchir aux réponses, les accepter et les assumer avant de cliquer. Mais ne baissez pas les bras, le challenge fait partie du jeu ;) Et puis on ne se lasse pas de regarder notre caravane avancer pendant de longues secondes, les paysages ont du charme et font accélérer le temps. Prenez l’exemple du gamin collé sur le hublot de l’avion en décollage. C’est un peu la même sensation !

Si vous souhaitez allonger votre temps de jeu, allez faire un tour sur la partie multi pour affronter des adversaires via les phases de combat stratégiques. Il existe également la possibilité de recommencer le jeu encore et encore afin de choisir d’autres réponses et d’ouvrir d’autres voies à la conclusion finale… A partir de là, plus rien ne vous oblige à mettre un compteur.

 
 
Conclusion : Le petit mot de la fin sur The Banner Saga, je dirai que j’ai passé un moment très agréable. Oui c’est léger dit comme ça, mais ça définit tellement bien l’esprit du jeu… Une aventure courte, reposante et en toute simplicité. Mais pourtant ça fonctionne, l’effet d’addiction est présent on en veut encore et encore un peu chaque jour. Simplement parce qu’il s’agit de la même machinerie qu’une série télévisée à la Game of Thrones. Chaque fin de chapitre vous laisse ce petit questionnement rituel : “et après, qu’est-ce qui se passe ?” L’aventure a son lot d’émotion et de sincérité qui vous prend au travers de l’estomac et on repartira probablement tous ravi de cette petite expérience !