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Thief, le retour de Garrett

Rédigé par AoNoShiro       dans  Tests détaillés       28 Mars 2014

Il en aura mis du temps à arriver, ce reboot ! Rejeton bâtard d’une licence emblématique de la dernière décennie, Eidos Montréal et Square Enix auront finalement pu proposer ce titre pour ce mois de février 2014 après cinq années d’un développement assez douloureux. Garrett, de retour en forme ou prêt à retourner manger des feuilles ?

 

folder_bookmarkScénario :

Ravagé par le fléau de la Grisaille, mais aussi la corruption, les inégalités sociales, la luxure le tout sous un épais nuage d’opium, la Cité est le théâtre des retrouvailles avec ce bon vieux Garrett, maître voleur à ses heures.
Contrôlée par un certain baron aux ambitions aussi sinistres qu’alambiquées, on y côtoiera bien plus que de raison la garde locale doucement nommée “la Vigile”. La première mission donnera directement le ton du scénario de ce nouvel opus. Un cambriolage en duo qui tourne mal, un pouvoir mystérieux qui apporte une note aussi apocalyptique que difficilement compréhensible, un coma, pour finalement se réveiller un an après dans des circonstances plutôt étranges.
L’intrigue générale tournera autour de cette dernière ligne, la recherche de la vérité sur ce qu’il s’est passé durant ce malheureux évènement.

Si la précédente trilogie disposait d’une mythologie aussi construite qu’intéressante, elle ne s’en retrouve qu’au travers de clins d’œil certes multiples, mais mettant en exergue toute la différence de cohérence scénaristique entre ce reboot et les titres passés. Ainsi, ne vous attendez pas à souvent entendre parler des Gardiens, Mécanistes et autres factions de Deadly Shadow ou Dark Project, la déception n’en serait que trop grande. Et si la série s’est toujours reposée sur une trame perchée dans une galaxie fort fort lointaine, elle s’harmonisait toujours plus ou moins avec ce riche background, ce qui ici n’est bien entendu pas le cas.

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folder_bookmarkGraphismes:

Sans être laid, le jeu est loin d’être fabuleux (testé sur PC et graphismes au maximum). Partant du principe qu’il est destiné également à la nouvelle génération de consoles, on peut même parler de faiblesses techniques, certaines textures ne sont d’ailleurs pas très jouasses, des modélisations à la ramasse, comme en témoigne la Reine des mendiants. Le constat est donc loin d’être glorieux.
Pourtant, si techniquement le jeu se traîne un boulet à la patte, l’ambiance bien dégueulasse de la ville est retranscrite avec une justesse nécessaire à l’immersion.

 
folder_bookmarkJouabilité/Gameplay :

L’attirail de notre maître voleur sonnera assurément la cloche de vos souvenirs ancestraux, le fidèle arc court, les flèches à eau, feu, mousse, corde permettant d’exploiter l’environnement, pour éteindre une torche et ainsi distraire les gardes et se mouvoir derrière eux, telle une ombre silencieuse cherchant à tout prix à éviter l’affrontement. Car c’est une constante de Thief, Garrett préfère la furtivité au combat et pour cause, sa faiblesse caractéristique laissée de côté, dans le fond son but à lui n’est pas de faire parler les poings, mais de faire gonfler ses gains.
Cet éventail d’outils ouvrira donc des possibilités aussi multiples qu’intéressantes, laissant au joueur la possibilité de résoudre une situation selon sa convenance.
Un arbre de talents sera, du reste, disponible afin d’améliorer les compétences du baroudeur, silence, détection d’ennemies améliorée, crochetage plus rapide… les choix sont nombreux, l’intérêt lui, limité. Cette petite surprise s’accompagne de l’émergence d’un pouvoir surnaturel, justifié par l’histoire d’une façon pour le moins convenue. Ce dernier, à l’image d’un couteau suisse saura détecter les pièges et activer vos améliorations, une aubaine quand la prise en main déjà facile offre toutes les interactions sur un plateau.

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Si Garrett se révèle particulièrement vulnérable au corps-à-corps, il n’en reste pas moins que l’IA est complètement aux fraises. Très souvent stupide dans ses réactions, il suffit que notre cambrioleur de métier se retrouve englouti par l’ombre pour que le malaise s’installe rapidement et que l’étendue affligeante des limitations de la garde pointe le bout de son nez. Un ajout de cet épisode, la glissade, permet même de limiter la casse lors d’un loupé, laissant la possibilité de déplacer à une vitesse ahurissante de la lumière, synonyme de visibilité certaine par les pions, à l’ombre. Le seul éclair de lucidité des abrutis se traduit par l’allumage d’une lumière éteinte à la flèche à eau, prouesse s’il en est.
Il arrive même parfois, par un cruel coup du sort, qu’une patrouille se retrouve “bugg” en plein milieu de sa ronde, ou qu’un garde glitch pour regarder dans les quatre directions à la fois, tirant de fait un sourire salvateur, sortant le joueur d’une torpeur qui s’installe finalement très (trop ?) rapidement.

Thief se centre autour d’un hub principal, berceau de quêtes secondaires et point de départ de l’arborescence des districts de la Cité, le dédale des rues, nombreuses, cache une réalité bien moins reluisante. Notre voleur accuse un défaut de mobilité notoire et se retrouve dans l’impossibilité pure et simple de sauter, un comble pour le roi des voleurs qui enlève son costume de chapardeur pour se retrouver dans un habit taillé sur mesure pour l’occasion, le roi des cons. Notre bon bouffon d’une journée se retrouve ainsi sous les conditions d’un maître de cérémonie particulièrement retors, l’empêchant d’ouvrir une fenêtre non scriptée dans le but de commettre son larcin, de grimper sur une caisse où la populace aura délicatement laissé trainer un sac quelconque, surprenant.
Symptômes de la simplicité générale du gameplay qui se résume finalement à appuyer sur un bouton lorsqu’une action contextuelle se montre à l’écran le jeu vous aidera encore à grand renfort d’un voyant bleuté, signifiant que la surface requiert votre attention.
De même, notre amuseur se plaît à multiplier les erreurs, s’éclater au sol lorsque l’on demande un saut sur une poutre constitue un exemple parmi d’autres… On atteindra l’apothéose de la pièce lors de la désormais fameuse interaction avec la “planche QTE”, où Garrett se faufile entre quelques caisses pour ensuite arriver à l’objet fatidique négligemment laissé en travers de notre route, sollicitant la pression répétée du X de notre manette. Ce passage d’un ridicule rarement atteint refera son apparition de nombreuses fois durant l’épopée tragique de Garrett l’intrépide, annonçant par la même occasion un temps de chargement un peu trop présent à notre goût. On se demandera souvent, à juste titre, où le jeu veut en venir, la sensation de frustration ne s’en trouvera qu’accrue.

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folder_bookmarkBande son :

L’ambiance sonore sait s’adapter au visuel du jeu, sans pour autant laisser un souvenir impérissable dans notre mémoire de joueur, certaines musiques, notamment lors des phases d’actions sonneront un peu faux, mais pas de quoi tirer la sonnette d’alarme. La réussite n’est pas non plus du côté des doublages français, qui se révèleront souvent très creux et redondants, la blague grivoise, très facile, sera omniprésente…

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Très loin de rendre hommage à ses aînés, Thief déçoit à plus d’un titre, se traînant une réalisation bourrée d’imperfections, un gameplay lourdingue et une histoire aussi inintéressante que capillotractée. Si l’immersion dans cette ambiance si particulière arrivera à accrocher au début, la lassitude se fera pourtant très vite ressentir, même si certaines phases arriveront à l’occasion à prendre le joueur aux tripes. A défaut d’être un must have, il pourrait jouer le rôle de coupe-faim, pour une bonne dizaine d’heures, en période de disette ou de soldes sur Steam. Le faire rester un peu plus dans l’ombre, guettant une occasion propice n’est donc pas une mauvaise idée.

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A propos de l'auteur :

AoNoShiro

Rédacteur actu', je commets des tests et donne parfois mes impressions sur des jeux ou mangas. L'Incarnation du skill.

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2 thoughts on “Thief, le retour de Garrett

    AoNoShiro
    AoNoShiro il y a 4 années

    J’ai maj dans la conclusion, j’en ai parlé dans la pres mais pas ici, va savoir pourquoi :o

    Jarps
    Jarps il y a 4 années

    Et la durée de vie, ça donne quoi?

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