Nom de l’œuvre : Feng Shen Ji Auteur : Zheng Jian He Artiste : Tang Chi Fai Parution : 2010 Origine : Chine (manhua) Genre : Seinen, Action, Fantasie, Arts Martiaux Etat : Scans : En cours ; Anim : Aucun Personnages Principaux : Wu Geng / Zi Zhou / Erxing Nitian / Kai Bai /Xing Shi / Que Kong…

Pitch :

Dans une vaste terre à l’influence Chine antique et sous la coupe des Dieux, la puissante dynastie des Shang se trouve dans une position délicate. Les toutes-puissantes déités, régnant sur le monde entier, ne se satisfont plus des actions de la maison Shang et n’hésitent pas à faire chanter l’empereur lui-même, s’il n’accomplit pas les requêtes divines, il perdra leur faveur.
A lieu de se soumettre à la volonté des Dieux, l’empereur des Shang déclare la guerre aux divinités afin de délivrer l’humanité de cet esclavage sans fin. L’issue de la guerre déterminera le destin de l’humanité tout entière, à moins que Wu Geng, fils de l’empereur n’en décide autrement…

Critique :

Si vous êtes adeptes de réalisations japonaises (donc les mangas) sachez qu’ici on se trouve dans un manhua, qui est l’équivalence chinoise. Les codes ainsi que le style sont relativement différents de leurs cousins de l’archipel nippone. La différence ainsi marquée, il ne faut pas mélanger le dissociable.
Jeune, l’ouvrage dispose pourtant d’un contenu respectable, surtout que la totalité des chapitres sont en couleur (chose que l’on observe également dans les productions de web BD coréennes, les manhwa).

C’est d’ailleurs une caractéristique assez intéressante, la couleur. Les artistes en usent et abusent pour donner une patte graphique propre à l’ensemble. Les personnages auront ainsi une personnalité qui sera renforcée par cet élément, mais ce n’est pas sans oublier les détails qui sont légion. Certaines scènes sont grandes, riches , d’une complexité peu commune, rare quand on sait que la simplicité est souvent de mise dans ce type de lectures.
Ceci étant dit, cette identité assez unique ne sera pas forcément adoptée par le plus grand nombre, il faut le dire, Feng Shen Ji graphiquement on aime ou on aime pas. Les détails, les personnages, certaines choses pourront troubler et peut-être même rebuter perturbant ainsi l’immersion du lecteur dans son monde d’adoption.

Bien heureusement, Feng Shen Ji n’est pas uniquement une identité visuelle, c’est aussi un univers, une histoire… Ce monde imaginaire nous transporte dans une Chine mythologique. L’attaque, au début, semble assez troublante, tant le nombre de noms évoqués semble important, les couleurs perturbent quelque peu et le déroulement très rapide des premiers évènements laisse un goût doux-amer dans la bouche. Le lecteur se trouve partagé entre l’excitation d’une action en continu et le caractère sans équivoque cette celle-ci. Fort heureusement, le brouillard des premiers instants se dissipe très rapidement et laisse place à une grande curiosité, l’envie d’en savoir plus sur les dieux, les personnages principaux, pourquoi, quand, comment…
Fait à souligner, l’action pure n’est jamais mise de côté, mais est accompagnée par la narration ainsi que des explications. Il est donc difficile de s’ennuyer.
Contrairement aux idées reçues, le sang n’est pas vraiment un tabou ici (on aurait pourtant pu l’imaginer, par rapport aux croyances chinoises), même si l’identité visuelle permet de le dissocier aisément de la réalité, il coulera très souvent et un certain aspect glauque transpirera parfois de la palette de couleurs.

Autre aspect à évoquer, les personnages. Il y en a énormément, peut-être trop ? Ajoutez à cela la consonance fortement chinoise des patronymes et vous pourrez imaginer le problème. Il faut donc faire le tri entre les personnages les plus importants et ceux qui le sont un peu moins. On pourra se surprendre à faire quelques retours en arrière dans l’histoire afin de retrouver un nom, une bribe de conversation ou une tête (qui ne vole pas, espérons-le) pour profiter pleinement d’une évolution scénaristique.
Wu Geng, personnage principal de la série, de son côté incarne à la fois complexité et simplicité. Il est assez compliqué d’illustrer cette figure de style en l’état, il vous faudra donc passer par la case lecture pour capter l’essence du personnage. L’ironie de sa situation initiale passée, on déplorera une évolution du personnage peut être un peu lisse. À l’image des shonen les plus connus, on entrapercevra souvent le fameux plot armor qui est le propre des héros de nos jours, alors certes les situations délicates seront nombreuses, mais si vous avez de l’expérience dans le domaine (Naruto / Bleach pour les plus connus), il est inutile de préciser qu’il ne faut pas s’inquiéter quelle que soit la situation.
Ce qui n’enlève rien au fait que le personnage est appréciable et imposera le respect tout au long de la trame, son évolution d’un enfant pourri gâté en un jeune adulte responsable et courageux ne fera que renforcer le lien lecteur-personnage.

Profond sur la forme, le fond n’en est pas en reste. On peut retrouver de profondes réflexions sur la condition humaine, la hiérarchisation de la société, dans la domination de l’homme par l’homme, de l’homme par la religion et de l’homme par les institutions. Pourquoi ces trois notions ? Les réponses seront dans l’histoire, mais le concept de religion s’éclipse en réalité assez vite pour mettre l’Homme et le Dieu sur un pied d’égalité, en la personne de Wu Geng.

L’histoire franchement égale nous livre des scènes de combats appréciables mais le rapport de force entre humains et divinités, comme évoqué ci-dessus n’est donc pas si inégale comme le laisserait sous-tendre les qualificatifs utilisés. Le héros provoquant des power up aussi réguliers que partiellement inexpliqués il sera toujours là au bon endroit, au bon moment et pour tout le monde !

Feng Shen Ji est une de ces œuvres sur lesquelles on tombe par hasard et qui peuvent nous laisser complètement de marbre, ou provoquer un engouement exagéré.
Agréablement atypique par rapport à ce que l’on peut trouver ailleurs, l’histoire est aussi profonde sur le fond que sur la forme mais pêche souvent à cause d’un casting trop étoffé et d’un héros bénit du plot armor, mais qui sait quelles surprises l’avenir nous réserve.