Chroniques


Louve-LAN épisode 3 : Dévastation nucléaire entre amis

Rédigé par Louvellan       dans  Louve-LAN       06 Avril 2014

Oui, je sais, la guerre nucléaire, c’est un sujet grave et sérieux. Mais la guerre tout court, le football et les chèvres aussi, et pourtant on en fait des jeux qui se vendent très bien aussi. Le côté nucléaire de la chose donne au sujet un aspect un peu plus définitif, mais aussi très intéressant et au potentiel narratif fort. Il n’y a qu’à voir la vénérable série des Fallout, dont la clé de voûte est justement cette ambiance post-apocalyptique de dévastation nucléaire et de reconstruction, tant bien que mal, de la société humaine. On notera que le jeu vidéo en général fait plus volontiers appel à l’après-guerre nucléaire dans son choix de contexte, plutôt qu’au conflit proprement dit, probablement par souci d’éthique.
Ethique que DEFCON laisse complètement de côté.

DEFCON, vous dites ?

DEFCON est l’abréviation de Defence Condition, terme issu du jargon militaire américain. Il s’agit d’un système créé dans les années 60 pour établir le niveau de menace auquel les Etats-Unis doivent faire face et détermine le niveau d’alerte des forces armées. L’indice DEFCON est numéroté de 1 à 5, 1 déclarant l’état de guerre nucléaire imminent. Pour la petite histoire, le DEFCON 1 n’a jamais été atteint depuis la création de l’indice. DEFCON 2 fut atteint pour la seule et unique fois en 1962, au moment de la crise des missiles de Cuba, où l’humanité s’est trouvée à un doigt et demi de la dévastation nucléaire. Joyeux, non ?

Ce préambule pour vous dire que DEFCON est un jeu qui ne plaisante pas. Vous êtes le dirigeant d’une coalition continentale de votre choix (Union Européenne, URSS, Amérique du Sud, toute la planète est représentée), la guerre nucléaire est proche et vous devez défendre votre population contre les assauts des autres nations. Et pulvériser leurs villes, tant que vous y êtes, le tout avec un planisphère très clinique sous les yeux et une musique de fond angoissante et déprimante dans les oreilles. Fun fun fun !

Boum ! Qu’est-ce qu’on rigole !

Et pourtant, oui, on s’amuse. Le jeu propose une esthétique particulièrement épurée, et du même coup très marquante. Il n’y a là aucune fantaisie : le planisphère est représenté façon table d’opérations ou écran de contrôle mural. Cette visualisation assez simpliste se retrouve dans les unités et les bâtiments : tout est dessiné et représenté, vos flottes ne sont pas des bateaux miniature mais des icônes. D’un côté, cela contribue à cette atmosphère clinique et épurée du titre, qui distance volontairement le joueur du ravage nucléaire dont il est responsable, et d’un autre côté, rend l’action très accessible et lisible en un simple coup d’œil. Les screenshots qui accompagnent cet article vous permettront de mieux appréhender l’aspect assez unique du titre.

DEFCON a une identité visuelle forte, et la familiarité du planisphère rend les choses troublantes lorsqu'il s'agit d'atomiser son prochain.

DEFCON a une identité visuelle forte, et la familiarité du planisphère rend les choses troublantes lorsqu’il s’agit d’atomiser son prochain.

DEFCON est un jeu étonnant. Il s’agit de la production qui a sauvé Introversion, un studio alors très jeune et en grande difficulté financière. Vous connaissez peut-être ces petits gars pour des jeux comme Uplink, Darwinia ou, plus récemment Prison Architect, qui a fait toute la fortune d’Introversion. Il s’agit d’un des premiers studios indépendants à s’être fait connaître auprès du grand public et à avoir connu la consécration, principalement grâce à Darwinia. Ils sont à mon avis responsables en grande partie de l’essor du jeu indépendant de notre époque, mais il existe bien peu de studios qui puissent rivaliser avec l’ambition et le talent d’Introversion.

Ces origines se ressentent beaucoup dans DEFCON. Il s’agit d’un jeu simple en apparence, réalisé avec peu de moyens, mais témoignant d’une grande ambition, doté de mécaniques de jeu originales et plutôt audacieuses (vous gagnez des points en atomisant des populations civiles…) et d’une esthétique très recherchée. Le jeu se situe dans une zone grise, moralement parlant. La mort est au menu, vous ne pouvez rien y faire, il vous faut jouer le jeu. DEFCON vous rappelle régulièrement que, quoi que vous fassiez, vous ne pourrez pas échapper à la logique de destruction mutuelle de la guerre nucléaire. Le sous-titre du jeu “everybody dies”, aussi sinistre soit-il, est particulièrement approprié.

L'interface s'accompagne de divers filtres très pratiques. Celui-ci indique la concentration de population... Il serait normal que vous trouviez ça glauque.

L’interface s’accompagne de divers filtres très pratiques. Celui-ci indique la concentration de population… Il serait normal que vous trouviez ça glauque.

L’atmosphère travaillée du jeu est éprouvante, chaque impact nucléaire sur une ville affiche immédiatement le nombre de morts (en millions, bien sûr), et la musique reste incroyablement posée, calme, langoureuse. Pas de rythme soutenu, de musique martiale qui exacerberait votre envie de démolir l’adversaire… Le joueur est clairement incité à se poser des questions sur des thèmes comme la dissuasion nucléaire et la façon dont l’équilibre des forces est maintenu de nos jours. Mais rassurez-vous, contrairement à un paquet de productions indés, DEFCON n’a rien à voir avec de la masturbation intellectuelle stérile, et ne néglige en rien son gameplay, au contraire.

Oh, regardez ! Mais c’est votre maison !

DEFCON, pour sa simplicité et son accessibilité, est un jeu très intelligent et profond. Chaque partie se découpe en 5 phases, chaque changement de phase marquant la progression de l’indice DEFCON et la montée irrésistible des hostilités. Chaque phase dure un certain temps, et le chronomètre ne peut être ni ralenti ni accéléré. La guerre nucléaire est inévitable et il est nécessaire de vous y préparer peu à peu.

Le jeu commence en DEFCON 5. C’est le moment où vous aménagez votre territoire, plaçant vos radars, silos et bases aériennes, et que vous composez vos flottes. Chaque joueur a droit au même nombre de bâtiments, de cuirassés, porte-avions et sous-marins nucléaires, qu’il est possible de combiner comme vous l’entendez. Il est généralement plus avisé de constituer deux flottes principales, de façon à sécuriser chacune de vos côtés.
En DEFCON 4, les choses s’engagent. Les radars s’activent et révèlent la position des unités adverses et vous pouvez donner des ordres de déplacement à vos flottes. Aucune action hostile n’est permise.
C’est en DEFCON 3 que les choses s’enveniment. Les hostilités débutent, les flottes navales et aériennes s’accrochent et ouvrent le feu. L’arsenal nucléaire n’est pas encore activé.
Les choses ne bougent pas en DEFCON 2, mais on se rapproche du gros de la fête. C’est à ce moment-là qu’il est judicieux de faire décoller les bombardiers stratégiques en préparation des attaques.
Puis vient DEFCON 1, et la tension monte d’un cran. C’est la période la plus longue de la partie. Les arsenaux nucléaires aériens, sous-marins et terrestres sont déverrouillés. Une subtilité de taille ajoute encore à la tension du début de cette phase. Au début, chaque silo de missile est en mode défensif. C’est à dire qu’il engagera tout chasseur, bombardier ou missile nucléaire dans son rayon d’action, protégeant ainsi tous les points d’intérêt dans son champ. Il est impossible de lancer un missile depuis un silo en mode défensif ; il faudra au préalable le passer en mode offensif, ce qui prendra deux minutes. Le silo perdra alors sa capacité défensive dès le début du compte à rebours, et il faudra 340 secondes pour le repasser en mode défensif. C’est donc une décision très importante et généralement lourde de conséquences, qui vous fait passer dans le rôle de l’agresseur.
Même chose pour les sous-marins, indétectables jusqu’à ce qu’ils activent leur arsenal nucléaire, ce qui prend également deux minutes… Et les rend visibles au radar et par conséquent extrêmement vulnérables.

La lutte aéro-navale est essentielle puisqu'elle va déterminer la domination de l'espace maritime, facilitant la tâche à celui qui la détient.

La lutte aéro-navale est essentielle puisqu’elle va déterminer la domination de l’espace maritime, facilitant la tâche à celui qui la détient.

Et pour couronner le tout, lancer un missile déclenchera une alerte générale visible par tous les joueurs, qui sauront également d’où le missile est tiré. En gros, à partir de ce moment-là, c’est le déchaînement, chaque joueur faisant son possible pour protéger ses villes et installations stratégiques tout en cherchant à neutraliser la menace et à garantir la sécurité de ses côtes. L’action, qui était jusqu’alors mesurée et méticuleuse, prend un tournant beaucoup plus frénétique. L’alarme résonne de plus en plus fréquemment, les ogives se mettent à sillonner votre écran, et il n’est pas difficile de se laisser aller à la panique devant les explosions successives et les millions de morts qui s’accumulent. C’est pourquoi les phases précédant DEFCON 1 sont si importantes. Si vous débarquez avec votre flotte éparpillée et en lambeaux, votre grille de défense pleine de trous et une couverture radar insuffisante, vous allez passer un mauvais quart d’heure. Bien préparé… Hé bien, vous perdrez tout de même des millions de civils innocents, mais il est possible que vous en perdiez moins que vos adversaires, et c’est là le but ultime de DEFCON. Pas de victoire possible, seulement une défaite moindre que celle de vos adversaires.

Je te préviens, si tu touches à New York, je rase Rio

Non content de plonger ses joueurs dans une atmosphère très prenante, DEFCON se prête très bien à une LAN, grâce à ses paramètres de jeu en équipe. Il existe par exemple le mode Diplomatie, où tous les joueurs commencent dans la même équipe, chacun voyant tout ce que fait l’autre. Le jeu ne force personne à briser l’alliance… Mais l’âme humaine étant ce qu’elle est, chacun va soupçonner l’autre de préparer un mauvais coup. La parano s’installe, les mouvements de troupes se font de plus en plus pernicieux… Jusqu’à ce que quelqu’un craque et fasse tout péter, ou qu’un joueur audacieux mette son plan à exécution. Aux autres joueurs de saisir l’occasion de pulvériser leurs voisins en faisant équipe avec l’agresseur, de faire cavalier seul en faisant sécession aussi, ou de maintenir l’alliance et de réprimer le soulèvement à l’arme atomique. Les possibilités sont aussi nombreuses qu’intéressantes, sachant qu’à la fin… Le jeu vous l’a déjà dit, tout le monde meurt.

Vous avez le droit de paniquer à ce moment-là. C'est ainsi que commence le monde merveilleux de Fallout.

Vous avez le droit de paniquer à ce moment-là. C’est ainsi que commence le monde merveilleux de Fallout.

Sachant que le jeu pèse une quarantaine de méga-octets, coûte une misère et peut tourner sur à peu près n’importe quelle machine, il s’agit d’un candidat de choix pour toute LAN qui se respecte. Si la perspective de vous lancer dans une guerre nucléaire contre vos amis ne vous intimide pas trop, bien entendu…

Un casse-croûte entre deux massacres

Pour ceux dont l’appétit n’est pas entamé par les joyeuses perspectives proposées par DEFCON, Louve-LAN ne manque pas à sa parole. C’est l’heure de la recette !

Je vous propose cette fois une petite astuce plus qu’une véritable recette : le Babybel pané. Un excellent moyen de nourrir toute une compagnie à coup de fromage fondu et croustillant, le tout sans se ruiner.

Babybels-Panes

Voici ce dont vous aurez besoin ;

Un lot de babybels. 6, 12, 18, nature, chèvre, emmental… Faites-vous plaisir, prenez ce que vous voulez, la recette n’est pas difficile à ajuster, c’est l’occasion de varier les goûts.
Un oeuf battu par tranche de 6 babybels. C’est assez large, pour éviter que vous n’en manquiez.
De la farine.
De la chapelure dorée de votre choix. J’en ai récemment trouvé au tex-mex et au curry, je ne sais pas ce que ça vaut, mais je compte essayer prochainement, je vous en dirai des nouvelles.
De l’huile et une friteuse. Vous pouvez faire ça dans une casserole en l’absence de friteuse, c’est un peu moins pratique mais ça reste faisable.

Pour commencer, placez trois bols devant vous. Mettez-y, dans cet ordre, de la farine, l’oeuf, et la chapelure. C’est dans cet ordre que vous panerez vos babybels.
Roulez-les dans la farine, puis dans l’oeuf, puis dans la chapelure. Refaites un passage dans l’oeuf, et à nouveau dans la chapelure, et laissez reposer.
Répétez l’opération jusqu’à ce que vous soyez à court de babybel, en n’hésitant pas à ravitailler vos bols si nécessaire.
Utilisez des pinces ou à défaut vos doigts pour rouler vos babybels, mais pas de fourchette ou de cure-dent. Si vous les percez, le fromage s’écoulera par le trou au moment de la friture.

Une fois l’opération accomplie, tassez bien la chapelure autour de vos babybels pour en assurer la tenue. Si vous en avez l’occasion, laissez-les reposer une heure au congélateur, ça les durcira et évitera qu’ils ne se disloquent ou coulent pendant la cuisson.
Chauffez votre huile à 190°C et plongez-y vos babybels pendant 2 à 3 minutes.

Une fois fait, placez-les sur du papier absorbant pour évacuer le surplus de graisse, et c’est prêt.
Vous pouvez les servir seuls avec une sauce type ketchup ou barbecue, ou dans une salade si votre conscience diététique vous travaille. Je ne vous juge pas.

babybel1

Notez que le babybel peut se remplacer par d’autres fromages de type gouda ou mozzarella, mais l’opération devient un peu plus délicate. Préférez les babybels si vous êtes pressé ou que vous n’êtes pas totalement sûr de vous.

Et voilà, Louve-LAN, c’est fini pour le moment. Merci pour votre fidélité et à bientôt !

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A propos de l'auteur :

Louvellan

Quentin, 22 ans, rédacteur pour GO. Licencié en langue et civilisation anglophone, ancien khâgneux. Auteur freelance, directeur de Chanal CORP, auto-entreprise de rédaction sur commande.

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