Nous avons tous CE jeu pour lequel nous nourrissions de grands espoirs, ce jeu qui devait révolutionner son genre, devenir une référence, tout faire péter, quoi. Et qui, au final, se retrouve être d’une médiocrité consternante, du fait d’une sortie précipitée, de décisions de design douteuses, d’un contenu pauvre… Ou simplement de n’être pas le fantasme vidéoludique auquel on s’attendait.

Et puis il y a l’exact opposé. Ce petit jeu que personne n’attendait, aux ambitions modestes et au budget limité, qui fait son petit chemin de développement quasi incognito… Et qui se révèle être une vraie petite perle. C’est de toi que je parle, Gunslinger.

La série des Call of Juarez a vécu une histoire plutôt atypique, on ne peut dire que ça. Après deux épisodes surprenants, agréables et bien écrits, restituant très bien l’atmosphère Far West comme peu de jeux avant eux, la série fait une sortie de route assez effroyable en décidant de placer son troisième opus dans le monde moderne et d’en faire un FPS en coop, singeant à la fois Call of Duty et Left 4 Dead, en essayant maladroitement de garder un peu de l’identité Far West de Call of Juarez. Echec complet, tant au niveau de la critique que des joueurs, mais on ne peut pas dire que quelqu’un s’attendait à ce qu’il en soit autrement. Des inquiétudes font jour quant au futur de la licence, justifiées après un tel fiasco.

Puis, voici que déboule Gunslinger, l’air de rien, sans se presser. Rumeurs dans la foule, le jeu apparaît en premier sur le XBLA… Et rencontre un franc succès, totalement inattendu.

Call of Juarez Gunslinger est un jeu qui vous aime, et qui aime le Far West. Véritable cri d’amour à toute la mythologie de la conquête de l’Ouest américain, le titre regorge de clins d’oeil à cet univers et aux films qui en ont été tirés, avec révérence mais aussi beaucoup d’humour. Le ton est surprenant, les couleurs assez vives (les graphismes rappellent Borderlands, mais Gunslinger est un vrai jeu, la comparaison s’arrête donc là) et les personnages sont caricaturaux et aussi hauts en couleur.
Le gameplay quant à lui est vif, nerveux et plein de bonnes idées. Il y a un système de scoring qui récompense combos, tirs précis et autres actions de combat, un système d’expérience permet de débloquer des compétences et des armes améliorées selon 3 arbres de développement, et le jeu aère ses phases de fusillade intenses avec des moments plus calmes et plus lents, mais tout aussi éprouvants : les duels, qui ont bénéficié d’un soin très particulier dans leur exécution.

L’histoire et la narration quant à elles sont absolument exceptionnelles et inespérées dans un jeu à petit budget. J’y dédierai une chronique en temps voulu tant les méthodes narratives m’ont impressionné et amusé, mais sachez que les surprises, l’humour et une profondeur psychologique particulièrement inattendue sont au menu. Entre son prix vraiment dérisoire, sa durée de vie solide (l’aventure dure 6h, avec un New Game Plus étoffé, en sus d’un mode arcade et un mode duels), ses graphismes parfois impressionnants et son ton décidément très intelligent et surprenant, Gunslinger est la preuve que le budget ne fait pas tout, et que chaque jeu mérite sa chance.