Descriptif :

L’année 2013 a vu l’affrontement de deux jeux, pourtant différents, mais qui se disputaient le titre de la meilleure exclusivité PS3 de l’année. D’un côté le survival-horror post apocalyptique de Naughty Dog, The Last Of Us, de l’autre le nouveau protégé des créateurs de Heayv Rain, j’ai nommé le thriller surnaturel Beyond Two Souls. Si le premier se targuait d’un scénario passionnant au sein d’un univers des plus percutants et porté par de somptueux graphismes, le second mettait en avant sa volonté de sortir des sentiers battus, de proposer autre chose que du jeu, que du déjà-vu, à travers un jeu-film déroutant. C’est donc avec une certaine logique que, après avoir fini et adoré The Last Of Us, j’ai décidé de tester Beyond Two Souls en espérant être au moins aussi enthousiaste. Et la déception fut grande…

Le motion capture, c’est du lourd maintenant !
 
Graphismes :

On m’avait annoncé une claque, et bien j’ai pris une claque, mais malheureusement pas dans le bon sens du terme. J’ignore encore comment on peut dire que ce jeu est « beau ». Il est certes entièrement réalisé en motion capture, ce qui fait que les personnages sont généralement très bien détaillés, très… « humains ». Malheureusement, je trouve les textures en complets décalage avec ce réalisme voulu, trop brillantes, trop surfaites, notamment sur les décors d’une réalisation bien plus pauvres que celle des personnages. Ainsi, dès que l’on regarde ces derniers de plus près, on a l’impression que le décor et le personnage ne viennent pas d’un même jeu. Une impression désagréable, qui ne vous quitte pas du début à la fin.

Les animations sont quant à elles d’une perfection quasi absolue, de même que les expressions faciales. On en espérait pas moins de la part d’une motion capture ultra sophistiquée, mais le plaisir est là, et pour cela, bravo ! Enfin bravo… on aurait pu faire chapeau bas si ceci n’étais pas entaché de rares mais sévères bugs graphiques : des doigts en formes de churros lors d’une cinématique, une téléportation d’un personnage d’un endroit à un autre lors d’un petit bug. Si ce n’est que temporaire et très rare, ça pique les yeux quand c’est remarqué.

Et donc, pour garder la comparaison entre les deux exclusivié, j’ai trouvé The Last Of Us largement au-dessus, graphiquement parlant, de Beyond Two Souls, qui, soyons honnêtes, n’est tout de même pas moche. On en attendait simplement mieux.

Des graphismes en dessous de ce qu’ils pourraient être (sa main vous choque pas, vous?)
 
 
Jouabilité/Gameplay :

Ah le gameplay.. Tant de choses à dire… pour au final si peu à jouer. Vous avez déjà vu un QTE ? Tomb Raider, Saints Row, et des milliers d’autres jeux qui réclament de vous d’appuyer sur le bon bouton au bon moment pour vous sortir d’une situation ? Et bien figurez-vous que TOUT le jeu n’est qu’un IMMENSE QTE ! A part vos déplacements, tout n’est que QTE ! Même le joystick droit, habituellement réservé à la caméra, est ici un outil de QTE !
Il vous faut parfois un QTE à trois touches pour passer par une fenêtre ! Ou grimper sur un rebord ! Si Quantic Dream a pensé que ce nouveau style de jeu avait pour mérite de proposer quelque chose de nouveau, on pourrait tout de même en écrire un livre intitulé « Comment pourrir un bon scénario par un gameplay inexistant ».

D’une facilité extrême, plombé par une lourdeur de déplacement terrible, ce gameplay est une innovation qu’il ne faut surtout pas garder, du moins en l’état !
Parce que, soyons honnête, certaines choses sont bien pensées. Les combats au corps à corps, par exemple, sont aussi des QTE où aucune touche ne vous sera annoncée : vous n’aurez que quelques secondes de ralenti pour analyser le mouvement et la direction du coup (à porter ou à éviter) pour ensuite choisir la bonne direction avec le joystick de droite. C’est plus difficile qu’il n’y parait, et je pense qu’il y la matière à faire d’excellentes choses à l’avenir avec cette idée, en l’améliorant un peu cependant.

De même, incarner Aiden, l’entité surnaturelle rattachée à Jodie, est à la fois très simpliste et très intéressant. Pas de réel QTE pour lui, il se rapproche d’un gamelay classique où R1 vous focalise sur un objet/homme/chose, et le reste de votre action se fera par une bonne gestion de votre joystick.

Capable de faire bouger des meubles pour attirer l’attention, de prendre possession d’un corps, ou même de tuer par la volonté (en mode Darth Vader), son utilisation est souvent conseillée, mais vous pouvez parfois en faire « un peu plus » que ce que voudrait Jodie. Vous pouvez par exemple lui pourrir son rendez-vous amoureux, ou la laisser apprécier, le choix est votre.
Lorsque les choses se gâte et que vous devez jouer Aiden (j’entends par là que le jeu vous en donne automatiquement les commandes, vous n’avez pas le choix), parce que Jodie se fait agresser, l’adrénaline augmente, le stress aussi, parce qu’il faut faire les choses vite et bien. Garde votre sang-froid.

J’avertirais les futurs joueurs de Beyond Two Souls d’une chose importante : que vous soyez Jodie ou Aiden, certains choix peuvent être faits sans qu’ils ne vous soient explicitement proposés. Par exemple. Quand on vous laisse le choix de « quitter la pièce » ou de « Rester », vous ne voyez pas l’intérêt de rester. Normal, vous avez fait ce que vous aviez à faire ! Mais n’oubliez pas que vous pouvez faire appel à Aiden pour voir des possibilités « invisibles ».
De la même manière, soyez sur vos gardes : il est fréquent qu’on vous demande de faire un choix, et que ne rien faire (c’est-à-dire ne choisir aucune des pistes proposées) soit une possibilité. Par exemple, (petit SPOIL ALERTE), lorsque Jodie peut prendre du bon temps avec son compagnon de galère, le jeu vous enjoint à l’interrompre, en tant que Aiden. Et le jeu va insister, car vous aurez l’impression que vous êtes OBLIGES de faire quelque chose pour que l’histoire avance. FAUX ! Si vous êtes patient, l’histoire avancera d’elle-même, prenant en compte votre volonté de laisser volontairement ce temps de détente.
Mais ceci amène un petit souci : dans certains cas, si vous hésitez trop entre deux choix, ne tardez pas trop ! Sinon le jeu choisira pour vous !

Quelques phases d’infiltration/actions intéressantes, mais trop peu nombreuses
 
Scénario :

On nous avait parlé de « jeu-film », d’un scénario de type thriller en y rajoutant une dose de surnaturel. Autant dire que Quantic Dream n’avait pas intérêt à nous servir un truc réchauffé, nian-nian, sans rebondissement !
Paris tenu puisque l’histoire est prenante, intéressante, et est très avare de réponses jusqu’à la fin du jeu. Trahison, suspense, mission dangereuse, amours, tout se mêle dans la vie de Jodie Holmes, incarnée par Ellen Page. D’abord petite fille, elle grandit accompagné d’une étrange entité fantomatique rattachée à elle, la dotant de quelques pouvoirs surnaturels qui vont terrifier son entourage. Elle sera donc étudiée et élevée par un scientifique en charge de «l’inexplicable », Nathan (joué par un EXCELLENT Willem Dafoe. De toute façon j’adore ce type.) lorsque ses parents vont décider de l’abandonner à la science. Le jeune fille va grandir, et tenter de faire sa place dans le monde jusqu’au jour où le monde va se retourner contre elle…

L’une des grandes particularités du jeu, c’est qu’il suit un schéma non-chronologique. Le prologue se passe à la fin de l’histoire, la scène suivante lors de son enfance, puis dans son adolescence, avant de repasser dans son enfance quelques instants avant de revenir au présent… Bref c’est un bazar chronologique, heureusement mis à plat lors de chaque écran de chargement pour nous rappeler où nous en sommes.
Si ce choix n’est pas mauvais, il reste parfois perturbant et difficile à suivre.

La deuxième spécificité de Beyond Two Souls, c’est la possibilité de faire des choix qui vont influencer le cours des événements. Comme Heavy Rain, et comme beaucoup de RPG maintenant, vos choix auront des conséquences, plus ou moins grandes, avec à la fin de l’aventure un choix crucial (plusieurs en fait) qui déterminera quelle sera votre fin. Si ceci offre une certaine rejouabilité, même si l’on se contentera de relancer le dernier chapitre pour tester les différentes fins, on regrettera quand même que les choix fait au cours du jeu, et surtout au début, n’influence que TRES peu le cours des choses. Seuls les derniers chapitres vous ouvrent de réelles possibilités, ce qui rend l’idée de refaire une partie depuis le début tout à fait saugrenue.

Des acteurs particulièrement convaincants.
 
 
Bande son :

Magnifiques compositions ! Vraiment ! Et pour cause : Hanz Zimmer est à la baguette ! Fort de son expérience et de son talent, le bonhomme nous offre une prestation solide, parfaitement adaptée. Seul petit bémol : si les scènes d’actions sont superbement servies par une ambiance sonore et musicale de haut vol, les passages plus neutre, notamment pendant la jeunesse de Jodie, semble fades.
Pour finir : les deux acteurs principaux, Ellen Page et Willem Dafoe, nous offrent un doublage (en VO du moins) d’excellente qualité.

La puissance d’Aiden…
 
 
Durée de vie :

C’est sûr que pour un film, ça fait long ! Une bonne dizaine d’heures vous suffira, et la rejouabilité non pas inexistante, mais inutile, ne vous offrira que la possibilité de découvrir (presque) toutes les fins en rechargeant le prologue à volonté.
 
Des choix laissés jusque dans votre attitude.
 

Conclusion
Très mitigé à l’issu de ce Beyond Two Souls, j’ai laissé éclater ma déception. On m’avait trop promis, tout simplement. Certes, le concept est original, hors des sentiers battus, et il en faut ! Je ne critiquerais donc pas les choix du studio, qui ont finalement rempli leur objectif, je dirais simplement que ceci ne m’ont pas du tout convaincu : le gameplay QTE est trop simple, trop ennuyeux pour faire me garder accrocher à la manette, le scénario est confus, mais certes passionnant, les graphismes en dessous de mes attentes. Seuls les performances d’acteurs d’Ellen Page et de Monsieur Dafoe, soutenus par une excellente bande sonore, me paraissent être vraiment remarquables.

Notons qu’il y a une possibilité assez inédite : le mode Beyond Touch. Accessible par tablette, il permet de « jouer » à plusieurs, en gérant en groupe Jodie et Aiden. L’absence de véritable gameplay ouvre une expérience de partage intéressante sur le concept, permettant notamment d’inviter des novices dans l’univers vidéo ludique.